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Une Semaine de la médiation 2025 sous le signe de la culture de la médiation

7ème semaine de la médiation du 10 au 18 octobre 2025

Après 6 éditions depuis 2019, les médiateurs se préparent en 2025 pour une nouvelle Semaine internationale de la médiation. 

Pour soutenir le développement de la médiation auprès du grand public ou des prescripteurs, une Semaine annuelle de la médiation est organisée depuis 2019, chaque deuxième semaine d’octobre. Cette semaine reprend l’idée de ce qui se pratiquait depuis plus longtemps en Amérique et dans certains pays d’Europe, et demande une certaine préparation. La question qui se pose aux organisations de médiateurs, chaque début d’année, est donc de savoir que faire de cet espace disponible. Essayons d’y réfléchir ensemble…

Les médiateurs ont bien sûr pensé à organiser des portes ouvertes, des réunions, à faire des présentations et parfois des colloques pour mettre en avant tous les avantages de la médiation. Mais présenter simplement la médiation comme ‘un formidable outil au service de tous’ semble à ce jour insuffisant. En effet, cette approche de communication ignore un principe rhétorique important. Pour convaincre, il faut éviter de se concentrer sur ses propres convictions, et il est préférable de se concentrer sur ce que pense le public visé.

Il est clair que la médiation bouscule les habitudes. Face à un conflit, l’attitude classique consiste à se tourner vers un avocat pour saisir un juge et attendre sa décision. L’effort nécessaire pour changer une telle habitude ne peut être sous-estimé. Ensuite, nous ne pouvons ignorer que la médiation exige, de la part de ceux qui y participent, une prise de responsabilité, voire une certaine remise en question personnelle. Et c’est tout sauf naturel : la personne en conflit préfère attribuer les responsabilités de la situation à l’autre ou à la société, et n’a pas envie de rencontrer les siennes. Ces points peuvent nourrir une résistance vis-à-vis de la médiation, et, au moins partiellement, expliquer sa lente progression.

Pour surmonter les réserves de nos interlocuteurs, on peut bien sûr souligner en premier lieu que le système judiciaire est un espace vertical de confrontation, d’attaque et de défense, de cristallisation du conflit, qui produit des réponses juridiques à tous les types de problèmes. Ensuite, que si la médiation est un espace horizontal de dialogue et de délibération, qui demande courage et travail, ces efforts conduisent aussi à des résultats plus significatifs: des relations renouvelées, propices à l’élaboration commune de solutions créatives et durables. Mais ne nous leurrons pas, ces arguments ne seront pas suffisants, car l’enjeu semble aussi d’ordre culturel.

Comme l’observe Jacques Faget : « Les dispositifs de médiation se développent sans qu’existe dans notre pays une véritable culture de la médiation » (Revue des Médiations N° 3 - ‘40 ans de médiation, success story ou désenchantement ?’). Cette remarque judicieuse indique une direction intéressante : il nous appartient aussi de créer et d’enrichir la culture de la médiation dans notre pays. La Semaine de la médiation pourrait être un cadre approprié pour engager cette mission. A condition de ne pas se contenter de simples arguments ou injonctions, qui ne peuvent suffire à provoquer des changements d’ordre culturel. L’enjeu est d’ordre pédagogique, et les actions devraient concerner toutes les générations.

Dans cette démarche, on peut faire deux types de propositions. La première, la plus classique, serait de faire une communication nationale sur une semaine d’entretiens gratuits avec des médiateurs, comme le font régulièrement les avocats et les notaires (et même, comme en 2024, les notaires-médiateurs). Pendant cette semaine, les médiateurs recevraient ceux qui souhaitent parler d’une situation précise, être écoutés, recevoir un encouragement personnalisé à explorer une voie de dialogue et faire des pas de côté… Cette campagne, si elle est bien suivie par les médiateurs au niveau national et relayée dans les médias, pourrait recevoir l’appui des collectivités qui pourraient participer à sa communication et mettre des locaux à disposition si nécessaire.

La seconde proposition, complémentaire de la première et un peu plus innovante, consisterait à organiser un certain nombre d’expériences sensibles des outils et des bénéfices de la médiation. Certains pays le font déjà, tels que la Belgique et le Québec, notamment pour les plus jeunes. Une telle approche comprendrait des rencontres en petits groupes, pour des séances participatives, ouvertes à des générations différentes. Ces rencontres pourraient permettre une initiation élémentaire, à titre d’exemple, à

  • l’expérience d’une véritable écoute, puis de l’écoute de l’autre
  • l’expression d’une émotion personnelle, puis la reconnaissance d’une émotion chez l’autre
  • la réflexion sur les pas de côtés à proposer lors d’une prise de contact avec l’autre
  • la formulation d’une demande, et la réception d’une demande

Ces propositions sont indicatives. La créativité et l’intelligence collective des médiateurs doit rapidement permettre de les enrichir, afin de pouvoir travailler activement à la préparation de la prochaine Semaine de la médiation, du 10 au 18 octobre 2025. N’hésitez pas à noter ci-après, ou à nous communiquer les commentaires que vous inspirent ces premières idées.

Laurence Allenbach, Gisèle Nouaili-Pénot, Jean-François Pellerin, Jean Rooy

Photo Pexels - Tima Miroshnichenko